Une situation sociale dramatique

10/04/2021

       Depuis la chute du prix du baril, le Venezuela s'enlise dans la pauvreté dû principalement à la mauvaise gestion de cette ressource dont il en est pourtant pourvu en masse. Le gouvernement a dépensé au lieu de mettre de côté les recettes du pétrole lorsqu'il coûtait 130 usd (us dollar), les dépenses et les nationalisations des supermarchés ont causé la fin de la production locale. Un autre problème vient du fait que l'économie a été confiée aux militaires, ils sont désormais plus ou moins propriétaires du pétrole et des mines. De cela en découle une dégringolade sur l'indice de pauvreté mondial, 30 à 40% de la population à des revenus inférieurs au seuil de pauvreté de l’État. Il est également le pays le plus miséreux du monde d'après l'indice éponyme. Certaines parties de la population se voient travailler dans les égouts pour tenter de trouver des métaux comme du cuivre ou de l'or ou bien des armes afin de les revendre pour survivre.



Photographie de chercheurs d'or provenant du reportage Le Caméléon réalisé en avril 2017 et diffusé par l'agence de presse CAPA.


       En 6 ans, le pays a perdu 60% de son PIB. C'est également 7 à 9 millions, donc 25 à 32% de la population, qui est en situation d'insécurité alimentaire. En 3 ans, la mortalité infantile a été multipliée par 100. D'après l'ONU, le taux de mortalité et de violation des droits de l'homme sont en hausse. Sur un autre plan, les écoles ont fermé en 2016 car les enseignants n'étaient plus rémunérés et ont tout simplement arrêté d'enseigner. Pourtant les écoles étaient aussi importantes car les plus démunis pouvaient y manger gratuitement et leur fermeture n'a fait qu'accentuer la famine de cette partie de la population.

       La pénurie médicale est également un gros problème. La majorité des médecins vénézuéliens est partie aux USA ou en Espagne causant un manque grave du personnel médical. Presque tous les spécialistes sont partis laissant leurs patients sans soignant. Cela a d'ailleurs causé une manifestation en février 2018 avec 200 personnes atteintes de maladies chroniques (cancer, hémophiles, transplantés,...) et qui nécessitent une prise en charge régulière, qui sont descendues dans la rue. Mais les médecins ne sont pas un si grand problème quand on apprend qu'il n'y a plus de médicaments ou alors qu'il est très compliqué de s'en procurer. Selon la Fédération des Pharmaciens, en 2016, c'est 80% des médicaments manquant dans les hôpitaux, en 2020 ce taux est passé à 95%. Les greffés par exemple passent de 16 médicaments antirejet à seulement 8 pour pouvoir en prendre plus longtemps. Les médicaments pourraient être importés mais la population est trop pauvre pour cela. Il faudrait parfois jusqu'à 700 USD pour avoir un traitement de greffé pour 2 mois. Pour un cancéreux la note est bien plus élevée. Mais lorsque le salaire le plus élevé de la population est de seulement 3 USD, il est plus urgent d'acheter de la nourriture que des médicaments surtout dans un climat de pénurie alimentaire. C'est 300 000 personnes atteintes de maladie chronique qui sont alors concernées par ces pénuries médicales.





Photographie de manifestants demandant des médicaments, prise le 08 février 2018, à Caracas.


Il est écrit: « Nous sommes les patients, nous voulons des médicaments ».


       Les hôpitaux ne sont pas en meilleur état, entre emplois des familles pour nettoyer les chambres et utilisation d'un unique ascenseur pour monter et descendre poubelles, morts et nourriture, la situation est critique tant au niveau hygiène que médical. Une autre solution serait de faire appel aux pays fabricants de médicaments pour établir un couloir humanitaire. Ce qui a été fait en 2017 mais le gouvernement Maduro l'a refusé préférant installer un service gratuit d'accès aux médicaments seulement si la personne possède une Carte de la Patrie, carte considérée alors comme un outil de contrôle social.



Photographie d'une Carte de la Patrie, émise en décembre 2017.


       Pour tenter de conseiller tout le monde, Maduro va débloquer 12,3 millions d'euros pour importer des médicaments principalement pour les banques de sang et les machines à dialyse. Il va aussi promouvoir la médecine traditionnelle en arguant que lui-même souffrait d'une terrible grippe mais que de la camomille et de l'aloe véra l'a rétabli. Les malades chroniques doivent donc se débrouiller seuls. On peut en voire beaucoup au marché noir, échangeant jusqu'à leur voiture pour pouvoir avoir quelques boites de leur médicament pourtant vital. La grande majorité sera d'ailleurs arrêtée pour trafic de médicaments. La police va simplement les arrêter sans chercher plus loin même si, a de rares occasions, ils seront relâchés, non par compréhension mais bien par corruption de la part des malades.

       Avec les armes et la nourriture, le marché noir de médicaments est l'un des plus rentable. Le marché noir devient alors indispensable. On y trouve aussi de l'essence à moindre coup venant de Colombie. Passer par le marché noir évite de faire la queue pendant des heures pour n'avoir que quelques litres à la station-service si par miracle elle est approvisionnée en essence.



Photographie d'une file d'attente afin d'accéder à la station essence, prise en avril 2020.


Tout le monde va au marché noir. Même si cela est risqué, il faut bien pouvoir faire rouler les véhicules. On y retrouve des marchands de fruits et légumes mais aussi les simples citoyens. Ce qui est ironique, c'est qu'avant cela, le pétrole au Venezuela était presque gratuit grâce à Chávez et c'est la Colombie qui importa via le marché noir. Les vénézuéliens prenaient leur essence gratuitement et reviendraient tous en Colombie. Plusieurs techniques ont été mises en place comme le vol de voiture américaine, possédant un plus gros réservoir voir en possède un second et peuvent donc vendre plus d'essence en Colombie tout en se remplissant au Venezuela.

       Des endroits du quotidien changent de métier. Par exemple, les autobus privés, car il n'y a plus de service public, se voient devenir des bureaux de changes. En effet, les usagers montent dans le bus, payé en devise étrangère pour avoir la monnaie en argent local (bolivars). C'est en effet un moyen astucieux d'éviter les queues aux banques mais aussi de gagner de l'argent. Il faut savoir que la monnaie physique n'est plus vraiment utilisée, ainsi le bus est l'une des choses qui peut être payé en liquide. Le prix du billet de bus est de 150 000 bolivars ce qui représente 0,06 dollar américain. Lorsque l'usager donne 1 USD, la monnaie en bolivars lui est rendue, il obtient alors 1.3 millions de bolivars. Les deux sont gagnants. Le cours du bolivar a énormément chuté et subit une inflation hors du commun. Elle a perdu 96% de sa valeur en 2020 et le taux d'inflation atteint les 3 000 % en 2020 taux final d'une montée vertigineuse depuis 2008. Il est tellement impossible d'utiliser le Bolivar que c'est le dollar qui commence à dominer le marché.



Photographie d'un homme comptant ses billets de Bolivar avant de monter dans un bus, prise le 29 janvier 2021, à Caracas.


Nicolas Mathey

Flora Lecland - Nicolas Mathey - Benoît Palmero
Tous droits réservés 2021
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer